Table de coopération - 20 avril 2006
Comment être f.a.c. dans la rue, le métro, les lieux publics ?
Les participants : François-Noël, Karin, Samuel, Manuel, Danièle, Laurence, Mouna, Nathalie, Armelle, Marie-Jeanne, Claire, Najet, Claire-Emmanuelle, Isabelle
Eclairage sur la question posée par Isabelle
La F.A.C. repose sur un parti pris :
Un instant de joie est bon pour la santé de la société et de l’individu.
Choix du nom :
Ce nom est venu sous cette forme là, je ne saurai clairement expliquer pourquoi.
Ce que la F.A.C. n’est pas :
- une action de prosélytisme (zèle ardent pour recruter des adeptes et tenter d’imposer ses idées). Il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit et surtout pas une vision du monde.
- une action de drague ou de séduction
- une occasion de publicité professionnelle
Quelle est l’intention de la F.A.C. :
Créer les conditions, avec la subtilité, la prudence et la délicatesse liées au respect de l’autre et de soi, de la naissance d’une étincelle de joie relationnelle.
Idée de fond : peut être alors cette étincelle de joie pourra-t-elle nous donner envie à nous ou à l’autre de la partager encore avec d’autres et si ce n’est pas le cas, cela n’a aucune importance.
En quoi créer les conditions de la naissance d’une étincelle de joie est-elle une action de coopération ?
On peut coopérer sur le plan matériel et de l’action concrète et cela mène par exemple à une co-création. Mais la coopération peut se vivre aussi sur le plan relationnel pur. De la rencontre peut être jaillit une étincelle et avec un peu de chance une étincelle de joie.
Objectif :
Il n’y a aucun objectif de résultat.
Précautions :
La rencontre est éphémère, de quelques secondes à une dizaine de minutes maximum, pour protéger l’autre et se protéger soi-même aussi.
Les clés qui permettent cette rencontre éphémère :
C’est justement la question que nous allons poser à la table de coopération.
Comment être F.A.C. dans la rue ?
C’est-à-dire : comment créer les conditions d’une étincelle de joie relationnelle avec des inconnus dans la rue avec respect, délicatesse, subtilité ?
Répartition des rôles :
François-Noël : présente les tables de coopération
Isabelle : Amène la question (c’était donc plus une question qu’un problème)
Najet : Gardienne du cadre
Claire-Emmanuelle : Animatrice
Karin : gardienne du temps
Samuel : Méta
Les logiques coopératives en jeu dans la f.a.c. :
Laurence : logique de coopération en mille-feuille. La « f.a.c. frustrée » m’apprend sur moi. Peut être que j’ai fait plaisir à l’autre qui pourra à son tour faire plaisir. On ne peut pas saisir à l’avance quel sera le rebond…
Armelle : finalement est-ce que ce n’est pas l’autre qui a été f.a.c. Il aurait pû ne pas rentrer dans son jeu.L’autre peut aussi se mettre en état de f.a.c. Bouquet de fleur, donner, c’est moi qui fait le geste.
François-Noël : nous convoquons cet état de joie, en le convoquant on crée de la résonance, on va se revoir, en parler. C’est un super mille feuilles.
Nathalie : Les fleurs, ça devient du f.a.c. superficiel. L’histoire de l’étincelle c’est co-créer ensemble. Il faudrait être super f.a.c. soi-même pour que l’autre vibre aussi.
Laurence : il n’y a pas de volonté d’être f.a.c.
Karin : la première chose à faire c’est regarder autour de soi
Danièle : j’ai eu la même pensée. Est-ce qu’il ne faut pas aussi observer l’état anti-f.a.c...ne pas s’émerveiller, être pressé. On favorise les étincelles quand on ne se dit pas je vais rater la rame.
Armelle : On se retrouve ensemble, on échange. C’est un moment où on décide. C’est la volonté d’être f.a.c.. Pour la fleur je vais regarder à qui je vais la donner. Regarder, sentir ce que ce geste peut apporter à l’autre.
Manuel : l’idée de la fleurme dérange. Je vais avoir une atitude du style je vais « être f.a.c. » à « mort », comme une couche supplémentaire sur ma vie, je ne pourrai pas faire que ça.
Armelle : le moment f.a.c.
Mouna : la logique de coopération dans la f.a.c. je la vois dans un partage d’expérience de joie. Une logique coopérative au moment d’une f.a.c. non spontanée me heurte.
Marie-Jeanne : pour ne pas être pressé, il faudrait déjà être f.a.c. avec soi même. Pour moi f.a.c. ça fait « stroumpf », t’es dans une ouverture et les choses se font.
Karin : la spontanéité c’est faire ensemble un petit moment de joie…la spontanéité, qu’est-ce que c’est réellement ?
Laurence : je ne suis pas d’accord pour réfléchir sur les freins
Armelle : la f.a.c. c’est me faire aller dans des endroits où je n’irais pas d’habitude, il y a des moments où je me dis à quoi bon, j’ose pas. Se mettre dans cet état de conscientiser, on ose des choses qu’on aurait jamais osé. Ça m’est arrivé de m’opposer à une bagarre, alors que je suis un petit bout féminin. C’est pas seulement la joie, mais oser des trucs qu’on imaginait pas.
Laurence : cite une expérience d’étudiants à Toulouse qui collaient des livres sur les murs, on pourrait imaginer des f.a.c. volontaristes, poétiques et sympas
Manuel : la f.a.c. est par essence superficiel, superficiel n’est pas négatif
Marie-jeanne : peu importe que ce soit calculé ou pas si on est dans une démarche de f.a.c., ça part de nous
Nathalie : où en est- on ?
François-Noël : la f.a.c., d’où ça vient et comment ça s’inscrit dans notre époque ? Une conférence de pair à pair, parité et redevabilité. En pair à pair et redevable, on est témoin de la joie dont on vient. Elle s’est mise en joie et l’autre s’est mis en résonance.
Danièle : quelle est la part de naturel et quelle est la part de voulu ? Finalement est-ce que ce n’est pas un phénomène plus global que la joie…la fraternité, l’humanité. Cela se passe dans des actes de soi-disant politesse..des sourires extraordinaires
Mouna : j’ai entendu autre chose.. des logiques coopératives sur la notion d’oser. Le fait de se réunir ou d’en parler crée des conditions d’oser faire autrement pour aller dans le sens du f.a.c..
Pistes de solution :
François-Noël : La discipline ne vient pas naturellement. On la pratique, on s’y exerce pour cultiver un art qui est déjà en nous : la joie.
Marie-Jeanne : apprentissage
Armelle : Apprendre quelque chose qu’on ne savait pas…discipline, émergeance de quelque chose de déjà là. Si ça devient volontaire…question : est-ce que cela ne serait pas agressif ? Ce qui est dit en théologie, on « est » et on a le potentiel en nous, il faut se donner les conditions pour le faire émerger, et cela demande une volonté. Dans ma pratique du violon je m’astreints à une obligation. Pour jouer, être dans un état d’écoute et de disponibilité à soi même.
Nathalie : quand tu respectes un truc de politesse de base. Dans la codification sociale il y a eu une envie d’avoir cette intention pour l’autre, mais les choses ont été galvaudées. Le signal a perdu sa fonction de signe. Au niveau des solutions concrètes, il faut reprendre des choses de base et y remettre le vrai sens, l’intention, le souffle.
Manuel : il s’agit de savoir-vivre. Montrer à l’autre qu’on a conscience de lui, s’écarter pour montrer qu’on l’a vu.
Karin : soyons souriants nous-mêmes c’est le premier ferment
Danièle : la politesse me tient à cœur, c’est pas une codification, c’est ancrer le fait de faire attention aux autres. Cela sort du plus profond. C’est la base. Si j’avais soulevé cette question du phénomène de politesse vraie (elle est toujours vraie d’ailleurs)., je crois que nous formons un grand ensemble, il y a pleins de courants entre les gens, être attentif au fait qu’il y a ces courants entre les gens
Laurence : il y a une notion de respect, la f.a.c. tente de conscientiser. Comment le démultiplier naturellement, c’est en nous, il n’y a qu’à se la réapproprier. On l’appelait politesse…ne l’appelons pas du tout.
Marie-Jeanne : la f.a.c. que ce soit l’intention d’aider ou les politesses, c’est prendre conscience qu’on est tous ensemble, tous là. Au moins il y a quelques moments où on fait exister l’autre et on existe à ses yeux. Je souffre dans le métro de l’absence d’échanges de regards.
Nathalie : idée de faire une opération f.a.c. pour ceux qui participent, mettre l’accent pas sur la politesse mais sur l’attention à l’autre.
François-Noël : la f.a.c. est un exercice pratique de l’émergence du sujet
Danièle : civilité
Armelle : à Paris , il y a des jeunes qui posent des livres sur les bancs…lisez-moi…geste poétique…les souffleurs. Eveille quelque chose chez l’autre, c’est autre chose que de ré-explorer le sens de la politesse
Danièle : c’est tout un champs qui peut s’ouvrir. Susciter l’entre-parole entre les gens, créer un climat d’entre-parole entre les gens. Se voir avec un certain rythme en apportant nos expériences.
Manuel : a vécu dans un pays du pacifique où pour se dire bonjour on soulève les sourcils ; J’ai essayé à Paris dans le métro, on récolte un sourire sans échange de mots.
Mouna : regarder est important, tu regardes et déjà t’es f.a.c.
Danièle : quand on se dit les gens ont une sale tête, ils ont une sale tête, si on regarde pas ce qui est négatif, cela suscite quelque chose
Marie-Jeanne : se montrer déjà soi-même dans une disposition
Danièle : on est pressé, on regarde pas les choses
Nathalie : tenir un petit carnet de f.a.c.. Noter les petits moments de f.a.c. dans la journée
Marie-jeanne : c’est dingue qu’on soit là à parler de ça. Il y a d’autres lieux où il n’y a pas à en débattre. A Paris, c’est le cancer, la névrose…normalement c’est naturel.
Laurence : rapatrier les expériences..il faut le vivre pour savoir ce que sont les autres niveaux …
Enseignements tirés par chacun de cette table de coopération :
Karin : beaucoup d’idées qui émergent. On a peut être besoin de la faire, l’important c’est de nommer, pour se réapproprier des choses qu’on a apprises
Marie-Jeanne : Comme une naissance, au début on ne savait pas le chemin et ça s’est éclairci, c’est énorme, il y avait tellement de choses à dire
Nathalie : étrange au début, et effectivement on se prend à s’intéresser au sujet, c’est bien, on parlait de conscientisation, bien sur tous les jours on parle aux gens, d’avoir la conscientisation dégage d’autant plus de profondeur de la chose
François-Noël : il y a un paradoxe entre la rigidité du protocole, et la spontanéité du contenu. Il y a une convergence inattendue, permet à l’inédit de se produire
Armelle : il y a un cadre très bien posé…on a été un peu rigides dans les débats…en relation avec le cadre…c’est coopératif. Dans un premier temps clarification + possibilité d’explorer les pistes. On est à Paris, pas à Toulouse…reconscientiser. J’étais partie sur des trucs fantastiques.. artificiels. Conscientiser l’essentiel, vivre cet essentiel. Le faire vivre à Paris.
Najet : la coopération a fonctionné. Mais j’ai pas vu la problématique, c’est pas un problème de coopération..étonnée qu’à la fin on arrive sur des règles de savoir-vivre. Interloquée, pour moi c’est un minimum. Le mot « force » me gène, pas besoin de mettre de la force mais de la conscience, c’est une énergie fluide
Laurence : au fond cela me reconfirme qu’apprendre c’est désapprendre. Derrière la notion de civilité, il y a sûrement d’autres choses. Désapprendre tout ce qu’on croit qu’on fait. Je m’aperçois que je suis bien rentrée dans le « cadre »
Manuel : ma première réunion, très bien, vrai respect de l’autre, on laisse parler sans interrompre
Mouna : pour moi c’est une expérience de coopération. C’est ce qu’on fait là, ce qui est important c’est que je l’ai vécue ici. Très bon rythme, les temps sont bons. Dans mon expérience, revenir à une simplicité, comprendre les fondements de la politesse, revenir à des choses de base.
Danièle : Frappée par la co-existence d’un sujet foisonnant, même si encore dans l’invisible. Cadre très strict à la hauteur du sujet, qui était à la hauteur du cadre. Rapidité avec laquelle on a pu sentir la stature de chacun. Maturité.
Claire-Emmanuelle : première table de coopération qui porte ce nom. Nous même on est cohérents, on est pas des imposteurs
Retour de Najet sur le processus de la table, dans son rôle de « cadre » :
Les temps sont bons, équilibrés, mais le « cadre » à lire au début est très solennel. Il y a trop de rôles, le cadre pourrait-il fusionner avec l’animateur ?
Laurence : cadre pas utile si ça se passe bien, garantie à la sécurité pour tout le monde.
Mouna : On est co-responsables du cadre. On est un certain nombre à pouvoir dire, là on sort du cadre.
Karin : ça se passe bien parce que les gens qui viennent ont un comportement naturellement coopératif, mais c’est bien qu’en cas de débordement, il y ait une personne vers laquelle tout le monde puisse se tourner
François-Noël : le cadre est la seule fonction critique
Nathalie : Quelqu’un peut se désigner comme représentant du cadre. Energie féminine, il y a un « tenancier du cadre » c’est très masculin. J’ai envie aussi que les choses se passent bien mais je ne vois pas pourquoi une seule personne devrait avoir le sceptre de l’autorité. Finalement dans le fond, cela voudrait dire qu’on ne change pas les choses
Armelle : le cadre doit être énoncé clair et solennel (il parait solennel parce que c’est à froid au démarrage de la réunion) Il n’y avait finalement pas de problématique mais une question, alors qu’à une table de coopération on arrive avec un problème.
Najet : celui qui tient le cadre pourrait au moins gérer le temps
Laurence : ce soit il n’y avait pas de jeu de pouvoir, pas d’émotionnel, les tables de coopération sont faites pour régler des problématiques émotionnelles. Je veux bien un masculin, si ça libère mon féminin.
Danièle : il me semble là qu’on est hors cadre. On arrive pas à le dire tellement on en a besoin ; Qu’une personne tienne le cadre, le temps, la distribution de la parole est une chose provisoire. La maturité d’un groupe serait qu’on ait plus à lever le doigt. On parle au moment où quelque chose veut se dire..demande temps..discipline perso..avec le même groupe.
Retours de Samuel dans son rôle de méta :
Pas frustrant d’être méta. Je parle en mon nom.
La phase d’évaluation de la problématique a été très vivante. Une étincelle de joie palpable dans le groupe. J’ai admiré combien les rôles distribués ont été bien appréhendés. Les choses de sont gâtées après. Qu’est-ce qu’une logique coopérative, j’ai trouvé que cela ne se construisait pas. M’a manqué ce souffle, à part la souris, il n’y a pas eu tellement d’inattendu.
Apports de solutions : la problématique n’a pas été bien posée, plusieurs types de solutions émergent, on ne parle pas tous de la même chose. Il n’y avait pas de problème.
Durée des différentes phases : bonne pour le nombre qu’on était, on est sorti du cadre à la fin. A l’écoute, mais il a manqué quelque chose de l’ordre de l’impromptu.
Merci pour votre participation,
Et belle aventure avec la f.a.c. !